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Madrid ne veut plus régulariser en masse

17 septembre 2006

Madrid ne veut plus régulariser en masseDiane


Madrid ne veut plus régulariser en masse

Diane Cambon .
Publié le 15 septembre 2006
Actualisé le 15 septembre 2006 : 07h44

Face aux critiques, le gouvernement socialiste veut durcir sa politique d'immigration. Un consensus se dessine entre la droite et la gauche après le déferlement d'immigrés africains aux Canaries.

RAPATRIEMENT des clandestins, suppression des régularisations massives pour les sans-papiers et protection des frontières. Tels sont les trois nouveaux axes de la politique sur l'immigration du gouvernement espagnol. Des mesures musclées qui ont été annoncées par les socialistes au pouvoir pour tenter de freiner le déferlement sans précédent de clandestins africains sur les côtes de l'archipel des Canaries. Mais aussi pour faire taire les critiques de l'opposition de droite et éviter les reproches des partenaires européens, auprès desquels l'Espagne a demandé de l'aide.

Débordé par la crise canarienne, taxé de laxisme par la France et l'Allemagne, le gouvernement espagnol s'est vu contraint de durcir le ton et de modifier sa politique libérale sur l'immigration. Hier, Madrid devait renvoyer dans la nuit au Sénégal une centaine de sans-papiers, qui avaient débarqué dans les îles canariennes en cayucos (pirogues). Ce rapatriement, prévu la veille, a été annulé au dernier moment par les autorités sénégalaises pour des «raisons techniques». La collaboration très limitée des pays africains dans le rapatriement de leurs citoyens est l'une des difficultés majeures à laquelle est confrontée l'Espagne.

8% de rapatriés sur les 25 000 clandestins depuis janvier

À l'exception du Maroc, qui accepte désormais tous les clandestins de son pays débarqués illégalement en Espagne, les expulsions de clandestins vers les pays d'Afrique noire sont un casse-tête pour les autorités espagnoles. La Mauritanie et le Mali, deux pays desquels partent de nombreux candidats à l'exil, rechignent à accepter les expulsés d'Espagne, tout comme le Sénégal.

L'impossibilité d'expulser la majorité des immigrés débarqués dans les îles canariennes a placé le gouvernement espagnol dans une impasse. Sur les 25 000 clandestins arrivés dans l'archipel des Canaries depuis le mois de janvier, seulement 8% ont pu être rapatriés à ce jour dans leur pays d'origine. Les autres ont été transférés dans la péninsule au terme de quarante jours d'incarcération, puis lâchés dans la nature avec un avis d'expulsion en poche, quasiment inapplicable.

Sans processus de régularisation, ces immigrés deviennent dès lors des clandestins, libres de circuler à travers toute l'Espagne, mais aussi dans toute l'Europe. L'absence de mesures prises par le gouvernement socialiste pour stopper l'arrivée de clandestins dans l'espace Schengen a été vivement dénoncée par les partenaires européens, appelés à la rescousse pour tenter d'endiguer le flux migratoire vers les Canaries. Madrid réclame avec insistance depuis plusieurs semaines une aide financière et matérielle auprès des Quinze. Or, le résultat n'a pas été à la hauteur des espérances. Les quelques patrouilles de surveillance de l'agence européenne Frontex, déployées dans les eaux internationales, n'ont pas réussi à dissuader les départs d'Afrique.

Près de 5 000 personnes ont débarqué dans les îles en août, battant un nouveau record. Madrid se heurte aux réticences des pays européens, qui l'accusent d'avoir suscité un appel aux frontières en appliquant une politique libérale sur l'immigration. «Que les États qui se sont livrés à des régularisations massives sans demander l'autorisation ou même l'avis de leurs partenaires ne s'étonnent pas aujourd'hui de se retrouver en première ligne des flots de clandestins massifs», a commenté récemment le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, en référence à l'Espagne. Ce commentaire a fait le bonheur de l'opposition de droite espagnole, qui accuse le gouvernement d'avoir fait de l'Espagne une «terre d'accueil pour tous les miséreux d'Afrique».

Le processus de régularisation massif, mis en place au cours de l'année 2005 par les socialistes, serait à l'origine de ce déferlement d'immigrés, selon les conservateurs du Parti populaire. Quelque 580 000 immigrants avaient alors obtenu des papiers. Cette mesure avait permis d'augmenter le nombre de cotisants à la Sécurité sociale et avait été saluée par les syndicats et le patronat espagnol.

Face aux critiques de ses partenaires européens, Madrid a refusé de condamner son initiative, mais vient d'assurer qu'il n'y aurait plus de processus de régularisation massif. Pour la première fois, un haut dirigeant de l'exécutif, a indiqué lundi la nécessité d'un coup de frein à l'immigration en Espagne, évoquant la saturation du marché du travail. Le numéro deux du gouvernement, José Blanco, a même estimé que «l'immense majorité» des quelque 800 000 étrangers actuellement en situation irrégulière en Espagne «devront être expulsés». Un discours de fermeté qui vient deux ans trop tard pour les conservateurs.

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